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Intérieur de la cathédrale d'Arras en ruines.
SABATTE Fernand (1874 - 1940)
Arras.
DORIVAL Géo (1879 - 1968)
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Titre : Intérieur de la cathédrale d'Arras en ruines.
Auteur : SABATTE Fernand (1874 - 1940)
Date de création : 1916
Date représentée :
Dimensions : Hauteur 168 - Largeur 137
Technique et autres indications : Huile sur toile.
Lieu de Conservation : Musée d'Orsay site web
Contact copyright : © Photo RMN-Grand Palais - H. Lewandowskisite web
Référence de l'image : 00-002745 / INV20734
Intérieur de la cathédrale d'Arras en ruines.
© Photo RMN-Grand Palais - H. Lewandowski
© ADAGP Collections La Contemporaine
Date de publication : janvier 2011
Contexte historique
La Grande Guerre à Arras
Avant la guerre, la ville d’Arras, chef-lieu du Pas-de-Calais, attirait déjà les touristes avec les deux places baroques qui en font l’égale de Lille ou de Bruxelles. Les combats de la Grande Guerre atteignent la cité dès le mois d’août 1914 ; le 7 octobre, l’hôtel de ville est en flammes, le 6 juillet 1915, la cathédrale est touchée. Jusqu’en avril 1917, le front s’établit à la lisière de la ville qui ne vit plus que sous les bombes : tout comme Reims, Arras est considérée comme une « ville martyre ».
Les artistes ayant réalisé les œuvres commentées ici ont tous deux une expérience de guerre, différente il est vrai. Il continue à dessiner des affiches (pour la Croix-Rouge par exemple) et des cartes postales de bienfaisance.
Analyse des images
Esthétique de la destruction
Le tableau de Fernand Sabatté est peint dans les tons assez pâles de la pierre crayeuse qui a servi à édifier la cathédrale d’Arras. La composition est rythmée verticalement par des colonnes encore debout, disposées selon une fausse perspective. Le socle de la colonne la plus proche sert de repère horizontal et trace une limite entre la partie de l’édifice restée intacte et les décombres qui gisent au sol jusqu’au premier plan. Derrière le monceau de gravats apparaissent la chaire au dais à demi effondré et un confessionnal aux rideaux d’un jaune éteint, seule touche de couleur dans ce monde de ruines qu’habille une fine poussière.
L’affiche réalisée par Geo Dorival est plus impressionnante encore. La ville d’Arras, cité d’art et de culture, y est résumée par les ruines de ses plus célèbres édifices. Vus avec peu de recul et traités avec une palette qui associe les bruns sourds et les gris lugubres, ils semblent devoir s’enfoncer dans le bas de l’image. Au centre se dressent les vestiges de l’hôtel de ville, bien reconnaissable à son beffroi. À droite, les étais de bois disent l’instabilité des façades restées en place. Dans le ciel crépusculaire flottent des nuages dont la forme rappelle la fumée des bombes et des incendies qui ont ravagé la ville. Le dessin écrase littéralement la partie de l’affiche où le nom de la ville apparaît en réserve sur un fond rouge sang, couleur reprise pour le liseré qui le borde. Le point de vue adopté donne le sentiment d’un vide que rien ne peut combler : fenêtres sans carreaux, monuments sans toits, rues sans âme qui vive. Dessinés en peu de traits, les amas de décombres montrent le travail herculéen à accomplir pour rendre à Arras son visage.
Interprétation
Souvenirs d’une épreuve passée
Le tableau de Sabatté et l’affiche de Geo Dorival constituent chacun une sorte d’instantané destiné à montrer l’ampleur des dégâts que la guerre a infligés à des monuments de la culture européenne. L’accablement saisit le spectateur à la vue de ces lieux dévastés, dont aucun homme ne vient troubler le silence. Mais l’affiche de Dorival fait des ruines un attrait touristique, une invitation à visiter la ville : deux ans après la fin du conflit, Arras ne peut proposer qu’un tourisme de nature mémorielle pour trouver les fonds indispensables à sa renaissance. Le centre historique d’Arras est longuement reconstruit à l’identique dans les années 1920 et 1930 sous la direction de l’inspecteur général des Monuments historiques Pierre Paquet, tandis que les faubourgs bénéficient d’une vaste opération urbanistique et de l’érection de bâtiments dans le style Art nouveau.
- Guerre de 14-18
- ruines
- cathédrale
- bombardement
Bibliographie
Annette BECKER, Les Cicatrices rouges.France et Belgique occupées, Paris, Fayard, 2010.Éric BUSSIÈRE, Patrice MARCILLOUX et Denis VARASCHIN (éd.), actes du colloque « La grande reconstruction : reconstruire le Pas-de-Calais après la Grande Guerre », 8-10 novembre 2000, Arras, Archives départementales du Pas-de-Calais, 2002.Nathalie PÉGÉ-DÉFENDI, Une invitation au tourisme : l’affiche ferroviaire française, 1880-1936, thèse, université Paris I, 2001.
Pour citer cet article
Alexandre SUMPF, « La fascination des ruines : Arras dans la Grande Guerre »
Il s'accroche, s'accroche. bien écrit!
Je félicite, ta pensée est brillante
Bravo, c'est juste une autre phrase :)
De toute évidence, la réponse idéale